Ce que nous avons entendu des consultations

Le processus de mobilisation a souligné des questions relevant des thèmes suivants : la précarité menstruelle, la demande de produits, l’accès aux produits et la distribution de produits, le soutien financier, l’éducation et la recherche.

Précarité menstruelle

Nous avons entendu que le besoin de produits menstruels est largement répandu, mais que les populations marginalisées sont les plus exposées à la précarité menstruelle, en particulier les personnes immigrantes, réfugiées et racisées, les jeunes, les Autochtones, les personnes vivant dans des régions rurales ou éloignées, les personnes vivant avec un handicap, les mères célibataires et les enfants de familles monoparentales.

Les renseignements recueillis auprès des parties prenantes dans le cadre de la recherche et de la mobilisation ont révélé que l’iniquité menstruelle peut être symptomatique d’une violence fondée sur le sexe et d’une exploitation financière dans une relation, ou peut être aggravée par celles‑ci, et qu’il importe que les maisons d’hébergement disposent de produits menstruels pour les personnes qui fuient la violence.

Demande de produits

Nous avons entendu que les organismes qui fournissent des produits menstruels font face à une demande non satisfaite.

Nous avons entendu que la demande de produits a augmenté. Les produits jetables à usage unique semblent être les plus recherchés, mais les produits réutilisables deviennent aussi plus courants et ont tendance à être plus attrayants pour les jeunes, les transgenres et les personnes non binaires, et pour certaines cultures.

Certaines parties prenantes ont fait remarquer que les produits réutilisables sont un privilège qui fait défaut à de nombreuses personnes marginalisées, du fait de l’investissement initial requis pour acheter les produits, du manque d’accès à des toilettes privées, à de l’eau potable, et à des services de blanchisserie pour certaines populations, ainsi que des obstacles à l’éducation sur l’utilisation appropriée des produits (comme les coupes et les disques).

Nous avons entendu que beaucoup de parties prenantes différentes offrent des soutiens et qu’il manque un cadre cohérent à l’échelle du pays concernant l’accès aux produits menstruels :

Accès aux produits et distribution des produits

Nous avons entendu que la plupart des organismes n’assurent pas de suivi de la distribution des produits. D’après les constatations, malgré de forts écarts dans le volume de produits distribués, les serviettes hygiéniques jetables sont distribuées à plus grande échelle et plus souvent que les tampons ou les produits réutilisables.

Nous avons entendu que les organismes préfèrent fournir des paquets de produits de même type ou d’un assortiment de produits à leur clientèle et que la distribution et l’accès devraient être adaptés aux besoins uniques de la personne.

Lorsqu’on leur a demandé leur préférence concernant la présentation des produits, les organismes participant au sondage de FEGC ont répondu ce qui suit :

Quant à la meilleure approche de distribution des produits au sein de leurs organismes, les principales réponses ont été les suivantes :

Lorsqu’on leur a demandé quels types d’organismes à but non lucratif sont les mieux situés pour fournir des produits aux personnes, les répondants ont principalement cité les banques alimentaires. Toutefois, de nombreux organismes étaient d’avis que plus d’un type d’organismes à but non lucratif est bien placé pour donner accès aux produits menstruels.

Nous avons entendu que pour que l’accès aux produits menstruels soit une réussite, il convient de tenir compte de considérations d’ordre géographique.

La recherche et la mobilisation des parties prenantes ont fait ressortir que dans le Nord, l’achat et l’envoi de produits, ainsi que les coûts élevés, constituent un obstacle important à l’accès aux produits menstruels et qu’il existe une mentalité de pénurie et une inquiétude quant au fait que la disponibilité des produits n’est pas prévisible dans les collectivités éloignées.

Il apparaît également que le choix de produits menstruels et leur facilité d’accès sont essentiels pour respecter des considérations d’ordre culturel ou des préférences personnelles, et pour permettre la dignité des personnes qui cherchent à obtenir des produits.

Soutien financier

Nous avons entendu qu’alors que de nombreux organismes à but non lucratif offrent des produits menstruels quand ils le peuvent, ceci a tendance à dépendre fortement des dons, ce qui donne lieu à un approvisionnement irrégulier de produits.

Éducation et recherche

Nous avons entendu que l’éducation liée aux menstruations est un élément clé pour faire avancer l’équité menstruelle.

Les parties prenantes ont souligné qu’il manque une éducation complète sur les menstruations, et que l’éducation existante ne tient généralement pas compte des facteurs identitaires intersectionnels. Les personnes ayant pris part aux entrevues menées par le Douglas College ont également insisté sur la nécessité d’étendre l’éducation sur les menstruations afin de réduire la stigmatisation et d’appuyer l’éducation intersectionnelle et sensible à la culture. Elles ont fait remarquer que de tirer avantage des initiatives existantes en matière de santé sexuelle et reproductive serait un moyen efficace pour toucher les gens rapidement.

Les activités de recherche et de mobilisation ont confirmé qu’au Canada, les menstruations restent très stigmatisées. Les expériences de stigmatisation menstruelle subissent l’incidence de différents facteurs intersectionnels, notamment l’identité de genre, l’identité raciale, la dynamique du pouvoir dans des milieux professionnels ou éducatifs officiels, la pauvreté, la précarité en matière de logement, l’indigénéité, l’état d’incapacité et le statut de personne immigrante ou réfugiée.

Selon la recherche menée par le Douglas College, les politiques peuvent contribuer à transformer la façon dont la stigmatisation menstruelle est ressentie et communiquée. Au Canada, le travail d’élaboration de politiques se produit dans un contexte culturel où les menstruations sont très stigmatisées; pour cette raison, les programmes ou les initiatives visant à faire avancer l’équité menstruelle devraient prendre garde de ne pas renforcer par inadvertance la stigmatisation menstruelle.

Nous avons entendu que la recherche existante sur l’équité menstruelle manque au Canada et n’est pas toujours intersectionnelle, et que la recherche est souvent inaccessible aux défenseuses et défenseurs de l’égalité menstruelle car elle demande du temps et des ressources. Il est possible de renforcer et d’étendre les initiatives de recherche ainsi que d’établir des partenariats intersectoriels.

Conception du projet pilote de Fonds d’équité menstruelle

Les renseignements recueillis par le biais des activités de mobilisation ont éclairé la conception du projet pilote de FEM, qui vise à choisir un organisme national à but non lucratif établi pour :

En savoir plus sur l'équité menstruelle

Détails de la page

Date de modification :