Programme Safe at Home

La Rowan House Society

La Rowan House Society a décidé de relever un défi. 

Forte de plus de 20 ans d’expérience dans la prestation de services en matière de violence et d’abus au sein de la famille du Sud de l’Alberta, la Rowan House a remarqué que les réponses aux abus fondés sur le genre avaient tendance à être unilatérales. L’attention semblait principalement porter sur les personnes qui subissaient des abus – et pas tellement sur celles qui y recourent. Trop souvent, la responsabilité incombe uniquement aux personnes qui subissent des abus de signaler les incidents, de chercher un soutien et de préconiser des changements.

Au Canada, les personnes qui subissent de la violence fondée sur le genre sont souvent des femmes et des membres des communautés 2ELGBTQI+Note de bas de page 1 . Cette forme de violence et d’abus peut aller de l’injure à l’agression, et ses répercussions peuvent être importantes. Les personnes qui subissent des abus et qui cherchent un soutien sont souvent appelées à s’éloigner de leur milieu et à s’occuper de « régler » une situation qui n’était pas de leur fait. Et si ça n’avait pas à être comme ça?

La Rowan House a jugé qu’elle devait trouver une solution innovante pour les services de soutien en cas de violence et d’abus au sein de la famille auxquels les personnes qui commettent des abus pourraient accéder – elle l’a donc fait.

Une solution unique en son genre

Dans le cadre du processus de planification, la Rowan House a parlé avec des femmes qui ont séjourné au Emergency Shelter. Elle a également demandé conseil à un groupe consultatif composé de responsables et de spécialistes locaux en matière d’abus fondés sur le genre, de santé mentale et de droit. Ces consultations ont contribué à déterminer de quelle façon Safe at Home pourrait mieux aider les personnes subissant des abus au sein de la famille sans les éloigner de leur domicile.

« Pour la première fois, nous changeons notre façon de penser, déclare Leah DeMarsh, cheffe d’équipe de Safe at Home. Safe at Home demande aux personnes qui commettent des abus d’assumer la responsabilité de leurs actes et de garantir la sécurité de leur partenaire et de leurs enfants. »

Avec l’appui de Femmes et Égalité des genres Canada, la Rowan House a lancé en 2021 le programme Safe at Home. Le projet pilote de quatre ans qu’elle a élaboré vise à faire en sorte que les hommes arrêtent le cycle des abus au sein de la famille. Ses trois phases sont réalisées sur 52 semaines.

« Le principe est de fournir un soutien global aux familles, indique Linette Soldan, directrice générale de la Rowan House. Les femmes et les enfants restent au domicile et les personnes qui commettent des abus reçoivent un soutien dans un établissement en dehors des lieux. »

La première phase se déroule sur pas moins de huit semaines. Les hommes viennent vivre dans l’établissement externe Safe at Home. Pendant le programme, ils reçoivent un soutien par le biais d’une formation en compétences de la vie courante, d’une planification de gestion de cas ou de la réalisation d’objectifs (en travaillant ensemble pour déterminer le but visé) et de groupes éducatifs.

Le groupe éducatif aide les participants à examiner leur comportement, et leur fournit des renseignements, un soutien et des connaissances sur la façon de changer leur comportement. « Il est important d’explorer la violence et les abus commis, souligne Leah. Les participants prennent conscience de l’incidence de leur comportement et de leurs actes sur autrui et, surtout que cela n’est pas acceptable. »

La deuxième phase se déroule sur dix semaines. Les participants peuvent retourner ou non dans leur précédent logement avec leur partenaire et leurs enfants. « Il est important pour nous de garantir la sécurité des familles tout en travaillant avec les personnes qui ont commis des actes de violence et des abus », confie Linette.

Il appartient aux familles de décider si la personne peut retourner chez elle et si elles sont prêtes à se réconcilier. Si ce n’est pas le cas, la Rowan House accompagne les participants dans leur démarche pour trouver d’autres options d’hébergement.

Pendant cette phase, les participants au programme continuent à recevoir un soutien et de l’information éducative, comme les différences entre une relation saine et malsaine. Ils continuent également à recevoir un soutien pour répondre à leurs besoins spécifiques. Le reste du programme de 52 semaines consiste en des contrôles de la responsabilisation et des soutiens mensuels, si les participants désirent poursuivre.

Le programme Safe at Home réalisera des vérifications auprès des partenaires pour s’assurer de la nouvelle responsabilité des personnes qui commettent des actes de violence et des abus. Un autre objectif des vérifications auprès des partenaires est de fournir un soutien et toutes les ressources communautaires requises aux partenaires et aux enfants qui subissent des abus.

« Il est important que les hommes aient le sentiment qu’ils peuvent demander et accepter de l’aide pour changer leurs comportements violents, mentionne Leah. Les hommes peuvent venir lorsqu’ils sont prêts et revenir plus tard s’ils ont à nouveau besoin de soutien. La personne peut séjourner dix semaines ou les 52 semaines. Il s’agit d’un programme facultatif. Nous accompagnons chaque personne et sa famille, en leur apportant un soutien. »

Accepter la responsabilité

L’efficacité de Safe at Home laisse à penser qu’il s’agit d’une vérité importante dans le travail pour mettre fin aux abus fondés sur le genre : tout le monde a un rôle actif à jouer.

« Le leadership des hommes est impératif dans la promotion de l’égalité des genres et la prévention de la violence et des abus fondés sur le genre, dit Linette. Il est important de fournir plusieurs options aux personnes qui commettent des abus pour nous assurer de rencontrer les personnes là où elles sont et de les soutenir dans le processus de changement. »

Jusqu’à présent, un seul participant a accompli les 52 semaines de Safe at Home. Il a joint le programme après une rupture de relation – une relation dans laquelle il a admis avoir commis des actes de violence et des abus envers sa partenaire. Il a participé à Safe at Home dans l’espoir de se réconcilier avec sa famille.

Grâce au programme, il a appris à accepter la responsabilité de ses actes et combien il était essentiel de changer son comportement. Il a pu analyser ses propres expériences et les tactiques qu’il utilisait dans le passé pour prendre le pouvoir et le contrôle sur sa partenaire.

Le participant et sa partenaire ne se sont pas réconciliés, mais il a été reconnaissant de la façon dont le programme a remis en question ses pensées, ses croyances et ses actes. Safe at Home l’a aidé à comprendre les effets de son comportement violent. Il continue d’être en contact avec les responsables du programme et les tiendra informés de ses progrès.

« Il est essentiel qu’ils se concentrent sur eux-mêmes et comprennent qu’ils ont seulement le contrôle de leur propre comportement, dit Leah. Les hommes se rendent compte que protéger leur partenaire et leurs enfants signifie examiner leur propre comportement, et accepter la responsabilité de leurs actes et les changer. »

La collectivité ne fait qu’un

Il est capital de fournir des renseignements et des connaissances sur la violence et les abus à la collectivité, et d’en permettre la compréhension. Des gens de toute la région commencent à comprendre la valeur de l’approche de Safe at Home. Linette, Leah et d’autres œuvrent pour communiquer des détails sur le programme à des responsables locaux, des spécialistes en la matière et des responsables de l’application de la loi et du système de justice pénale en Alberta. Les responsables de Safe at Home tiennent des réunions avec des groupes de parties prenantes du programme environ tous les deux mois.

« Nous travaillons ensemble pour communiquer l’information, examiner des moyens d’améliorer notre processus d’aiguillage et de soutenir davantage les participants, précise Linette. Nous nous employons toutes et tous à collaborer pour garantir que les femmes et les enfants sont aidés, que leur sécurité est assurée, et que les personnes qui commettent des abus sont tenues responsables de leurs actes et de leur comportement. »

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