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Résumé de recherche
Mutilation des organes génitaux de la femme et excision au Canada : Recherche participative en vue de la guérison collective

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Ce résumé est fondé sur le rapport intitulé « Female Genital Mutilation/Cutting in Canada: Participatory Research towards Collective Healing », rédigé par Sophia Koukoui pour le compte de Femmes et Égalité des genres CanadaNote de bas de page 1 (FEGC) (Disponible en anglais seulement).

Contexte

Les termes mutilation génitale féminine et excision (MGF/E) désignent l’infibulation ou la mutilation, en tout ou en partie, des grandes lèvres ou des petites lèvres et l’excision du clitoris d’une fille ou d’une femme pour des raisons non médicales. Les MGF/E sont motivées par l’inégalité entre les sexes et visent à contrôler la sexualité des filles et des femmes. Elles présentent de nombreux risques immédiats et à long terme pour la santé mentale et physique, et entraînent parfois la mort. Le gouvernement du Canada condamne les MGF/E et autres pratiques préjudiciables qui menacent le bien-être des femmes et des filles et violent leurs droits fondamentaux. Le Code criminel du Canada a été modifié en 1997 pour qu’il précise que les MGF/E sont une forme de voies de fait graves et que le fait d’emmener une enfant à l’étranger pour qu’elle subisse des MGF/E constitue un acte criminel.

FEGC s’efforce de prévenir et de contrer toutes les formes de violence fondée sur le sexe, y compris les MGF/E. FEGC a financé des organismes communautaires pour qu’ils s’attaquent aux MGF/E au Canada, et mobilisé des chercheuses et chercheurs universitaires pour étudier cette question. Le rapport vise à cerner les perceptions concernant les MGF/E chez les personnes vivant au Canada qui sont originaires de pays touchés par ces formes de mutilation. En menant des entrevues directement avec des membres de certaines communautés affectées, l’étude qualitative met en lumière les motifs, les perceptions et les facteurs de risque associés aux MGF/E et définit les facteurs individuels et collectifs qui pourraient contribuer à leur éradication au Canada. De plus, elle précise les mesures de soutien dont ont besoin les femmes et les filles qui ont subi ces formes de mutilation.

Méthode

Le rapport s’appuie sur des données qualitatives recueillies lors d’une série d’entrevues. Un échantillon de commodité de 120 participantes et participants a été constitué pour l’étude. Selon les critères d’admissibilité, les participants et participants devaient avoir 18 ans ou plus, être originaires d’un pays où les MGF/E sont pratiquées et résider au Québec ou en Ontario. Chaque personne pouvait, au choix, participer à une entrevue individuelle (d’environ 1,5 heure) ou à une entrevue collective avec 11 autres personnes (d’environ trois heures). La majorité des participantes et participants (116 personnes) ont opté pour les entrevues collectives.

Au total, 75 femmes et 45 hommes ont participé à l’étude. La fourchette des âges allait de 18 à 70 ans (la moyenne d’âge était de 37 ans). L’étude a été menée auprès de personnes s’identifiant comme Africaines ou d’origine africaine et originaires de 18 différents pays. La plupart des participantes et participants sont nés sur le continent africain (81 %), alors que 9 % sont nés en Europe et 10 % en Amérique du Nord (9 % au Canada et 1 % aux États-Unis). La durée moyenne de la résidence au Canada pour les personnes nées à l’étranger était de 6,5 ans et variait de trois mois à 27 ans. Le consentement éclairé de l’ensemble des participantes et participants a été recueilli avant la collecte des données. Toutes les entrevues ont été enregistrées et transcrites textuellement par deux personnes formées en collecte de données.

L’autorisation du comité d’éthique pour ce projet de recherche a été entérinée par le Bureau d’examen de la recherche de l’Hôpital général juif de Montréal. Le projet a été mené en partenariat avec deux associations africaines bien établies : la Ligue des Africains du Canada, dont le siège social est situé à Ottawa, en Ontario, et l’Association africaine de l’Université de Montréal, dont les locaux se trouvent à Montréal, au Québec.

Constatations principales

Témoignages présentés dans le rapport

« Il y a aussi des gens qui veulent pratiquer les [MGF/E] ici au Canada. Nous n’en parlons pas, mais c’est la réalité [...] Une femme m’a dit “Tu sais, mon mari a envoyé nos filles en Afrique, où elles ont été circoncises.” On n’en parle pas, mais beaucoup de filles ici ne sont pas protégées. »

« Le patriarcat a imposé cette pratique qui a fini par devenir une tradition. C’est le pouvoir des hommes qui est à l’origine de cette situation. »

« Dans notre pays, la femme est mère de la terre. C’est elle qui unit tout le monde. Donc, si vous voulez tuer le pays, vous tuez une femme. Vous enlevez toutes ses parties génitales et c’est comme ça qu’on prend le pouvoir du pays [...] »

Les résultats du rapport font état de divers facteurs socioculturels, économiques et religieux qui motivent ou découragent la pratique des MGF/E. Par exemple, en République démocratique du Congo – le principal pays source pour les participantes et participants à l’étude – les MGF/E sont utilisées comme une arme de guerre. Parmi les autres facteurs de motivation figurent les préoccupations concernant la pureté, l’honneur, la sexualité, la cohésion familiale et sociale et l’identité culturelle. En revanche, les raisons de s’opposer à cette pratique comprenaient la douleur subie, les violations des droits de la personne et les préoccupations entourant la santé, la sécurité et le plaisir sexuel des femmes. Il est à noter que tous les participantes et participants, sauf un, ont désapprouvé la pratique.

Si cette étude révèle que certaines femmes qui avaient elles-mêmes subi une excision s’opposent maintenant à soumettre leurs filles à cette pratique, il y a encore des filles à risque de MGF/E au Canada, notamment à l’occasion de « voyages d’excision » dans leur pays d’origine, comme l’ont indiqué plusieurs participantes et participants lors de leur témoignage. De plus, 73 % de ces derniers pensaient que ce genre de voyage présentait un risque certain pour les jeunes filles. Même si les parents s’opposent à cette pratique, il se peut qu’au retour d’une fillette dans son pays d’origine, des parents ou des voisins l’incluent lors d’une cérémonie d’excision sans le consentement de ses parents. Les exciseuses peuvent visiter un village à des heures de cérémonie précises et excisent donc toutes les filles d’un certain âge en même temps.

Le rapport expose les considérations principales suivantes, qui découlent directement des résultats de la recherche :

Répercussions sur les politiques et les programmes

Cette étude fait ressortir la nécessité de poursuivre les recherches et les interventions afin de prévenir et contrer les MGF/E au Canada. Ses résultats soulignent des besoins particuliers chez les femmes et les filles qui ont subi des MGF/E, notamment des soins de santé et psychosociaux spécialisés appuyés par des politiques et des programmes culturellement adaptés dans le but d’empêcher la poursuite des MGF/E au Canada. Pour être efficaces, ces approches d’intervention nécessitent la collaboration et la coordination d’un éventail de parties prenantes, y compris des représentants du gouvernement, des spécialistes de la santé, du personnel scolaire, des éducatrices et éducateurs, des travailleuses et travailleurs du milieu communautaire ainsi que des chefs religieux.

De plus en plus de recherches signalent la nécessité d’adopter des conditions thérapeutiques culturellement adaptées, en particulier pour les personnes survivantes de traumatismes. Des initiatives, comme celles de l’Association Loba pour femmes de la République démocratique du Congo qui ont survécu aux MGF/E comme arme de guerre ou les cercles de parole, de danse et de tambour pour les survivantes et survivants du génocide au Rwanda, ont donné des résultats thérapeutiques positifs. En 2020, la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada a commencé à fournir des directives essentielles sur la pratique clinique relative aux MGF/E (en anglais seulement). Les participantes et participants ont exprimé le souhait de participer aux initiatives de sensibilisation, de prévention et d’éducation concernant les MGF/E.

Il faut obtenir le soutien des gouvernements pour les initiatives communautaires visant à sensibiliser aux MGF/E et à les prévenir ainsi que pour les femmes et filles touchées par ces formes de mutilation et la coordination des initiatives. Les organismes communautaires et les organisations qui servent les communautés africaines (en particulier les femmes et filles ayant subi des MGF/E) bénéficieraient d’un financement qui servirait à répondre aux besoins et à offrir un soutien continu.

L’étude recommande d’utiliser des termes et des contextes culturellement adaptés dans les documents pour les campagnes de sensibilisation et la mobilisation des survivantes. Il faut également consulter les survivantes avant d’élaborer ces produits. Faisant écho aux résultats d’autres études, le rapport révèle que les femmes et les filles ayant subi des MGF/E ont soulevé des préoccupations relatives au racisme et à la discrimination en raison de leur statut de mutilée. Ces préoccupations devraient être prises en compte dans la conception et l’exécution des politiques, des programmes, des plans d’action et des recherches.

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